“Pourquoi moi, japonaise, je joue aujourd’hui de la musique classique vieille de plusieurs siècles de l’autre côté du monde ?” Une question qui interpelle Yuko depuis ses 5 ans et la guide jusqu’à maintenant.
Sa curiosité philosophique l’amène en licence d’esthétique à la faculté de littérature de l’Université de Tokyo où elle écrit un mémoire qui analyse le conflit entre la musicologie actuelle, notamment où les anciennes méthodes divinisant les compositeurs sont critiquées, et l’exécution de la musique classique reposant justement souvent sur leur divinisation.
Yuko entre au cours de maîtrise de la Musashino Academia Musicae afin de devenir pianiste professionnelle. Elle y découvre le chant lyrique en devenant pianiste accompagnatrice d’un soprano. Adorant et la musique et la littérature, elle apprécie de pouvoir faire les deux en accompagnant le chant lyrique. En parallèle, elle y rencontre Junji Mitsuishi, dont l’enseignement fascine Yuko : analyses théoriques de la musique, interprétation historique et sociologique, réflexion profonde de la psychologie humaine et des techniques concrètes pour réaliser toutes ces préparations dans la musique… Yuko sent, comme jamais, que la musique classique est quelque chose de vivant et qu’elle peut y contribuer. Elle décide de suivre ses pas en devenant “chef de chant”.
Avec son master de piano solo, durant 5 ans, Yuko se produit dans des récitals, seule ou en duo avec un soprano, et dans des accompagnements d’opéras. Elle constate que, sans le contexte, la musique classique est rapidement fade, morte, et comme figée dans un lointain passé, et non forcément vécue tant par les interprètes que le public. Debussy, Poulenc, Ravel… le répertoire vocal français qui intéresse Yuko est moins accepté au Japon, aussi se décide-t-elle à se former directement à la source.
À 29 ans, Yuko quitte son poste et sa famille au Japon pour s’installer à Paris. À l’École normale de musique de Paris et aux conservatoires municipaux de Paris (1, 10, 12), elle perfectionne ses techniques d’accompagnement et aiguise son sens de la langue afin de coacher des chanteurs. Yuko accepte toutes les occasions de gagner en expériences : accompagnement ou assistante pianiste des petits projets Così fan tutte, La Bohème, La flûte enchantée, Pelléas et Mélisande, etc. Depuis 2017, elle accompagne les classes de chant des conservatoires de Chaumont, de Cachan, d’Athis-Mons et d’Orléans.
Elle garde comme précieux souvenir, son premier concert à Paris où le public éclate de rire suite aux paroles ubuesques d’une mélodie française. “Ici, la musique classique est vivante et vécue. Je voudrais que plus de gens puissent la vivre”.
Cette envie lui fait rencontrer Maruska Le Moing et Tiphaine Chevallier, avec qui elle monte le spectacle lyrique “Rencontres”, performance de chant lyrique à destination des espaces publics. C’est le début de nombreux spectacles et projets : spectacle “Youkali”, pour le jeune public ; “Casse-toi, Diva !”, un spectacle humoristique tout public… Vivre de la musique et de ses paroles, et les partager : forte de cette passion ramenée depuis le Japon, elle continue, depuis la France, ses activités multiples comme chef de chant et pianiste.